30 avril 2012

Netzow


Visite du village où Michael Haneke a tourné Le Ruban Blanc.

Ce film m'avait profondément touché et dérangé. Retrouver ces lieux a été un moment particulier.
Netzow est dans l'est de l'Allemagne. C'est une région agricole, pauvre. Le taux de chômage y est très élevé. On ne voit personne dehors. Tout est impeccablement rangé, propre, silencieux. La rue principale, pavée à l'origine, a depuis été recouverte d'un lisse ruban d'asphalte. 
Le temple, construit au centre de la rue, au milieu du village, est imposant.
La tour est haute, forte, écrasante, alors que la nef est courte et sobre.
Drôle de pélerinage. Nulle part dans le village il n'est fait mention du film. On est très loin d'Amélie Poulain et des visites guidées de Montmartre.














27 avril 2012

La Forêt des réactions


La littérature est toujours en quête de vitrines et de commentaires. La littérature jeunesse est encore plus absente des médias. Heureusement, il y a des passionnés, des blogueuses, des professeures...
Pour La Forêt des insoumis, je me sens choyé.
Ça commence par un papier dans Le Devoir, signé Louis Cornellier, qu’on peut lire ici. Il finit ainsi : « Prolifique auteur de polars et de romans pour la jeunesse, André Marois, qui racontait délicatement la Crise d'octobre 70 aux enfants dans Mesures de guerre (Boréal, 2010), invite maintenant ses petits lecteurs (9-12 ans), dans La forêt des insoumis, à suivre trois jeunes déserteurs dans les montagnes des Laurentides, en 1918. Faut-il se soumettre à la loi quand notre conscience nous crie qu'elle est injuste? Inspiré par le témoignage de l'ancien déserteur René Jolicoeur, André Marois invente ici avec finesse des fuyards qui sont des sortes de héros. Une belle invitation à la réflexion pour les juniors et pour les autres.»

Ensuite, j’ai reçu ce commentaire d’une professeure d’une école de Montréal où je vais régulièrement faire des animations : «... Après avoir lu l'avant-propos avec mes élèves, ils ont manifesté un grand intérêt à lire votre nouveau roman!  Je prévois leur en faire la lecture pendant mes leçons d'histoire.»

Enfin, la blogue spécialisé en littérature jeunesse Sophie lit parle de mon roman avec de très bons mots : « J’aime « vivre » l’Histoire à travers le regard de différents personnages. Ce nouveau livre d’André Marois convient justement à cette envie, car à travers la fiction on comprend rapidement l’atmosphère qui régnait à cette époque, tant chez les Insoumis (la peur d’être retrouvé, la méfiance, l’ennui aussi que cause cette isolation et les problèmes qui peuvent survenir dans un groupe),  que dans les familles de ces derniers qui restaient parfois de longs moments sans avoir de nouvelles. La plume est efficace et, s’il n’y a pas vraiment de suspens au sens propre, l’auteur réussit à créer des tensions et à exacerber l’impression de danger que ressentent les protagonistes, créant du même coup une accroche pour la lectrice que je suis.
En bref? Si le récit est court et accessible aux plus jeunes, je pense qu’il offre assez de profondeur pour rejoindre les plus âgés qui seront peut-être tentés de comprendre cette période de notre histoire.»

On peut aussi lire mon entrevue complète sur le site Boréal.

Personnellement, je suis comblé.

24 avril 2012

Nus


Un roman de Jean-Bernard Pouy représente toujours, pour moi, une garantie de plaisir de lecture. Pour Nus, le contexte est aussi original qu’intrigant. Un groupe d’anarchistes décide d’organiser son «université d’été» dans un camp de nudistes. Ils sont venus pour parler de choses sérieuses : le troc, le pouvoir, la clandestinité, l’argent, la justice. Libertaires jusqu’au bout des ongles, ils vivent avec détermination leurs convictions. On sent que Pouy connaît son sujet : les références sont nombreuses, justes, inspirantes. Les «apoilistes» sont aussi dans un milieu nouveau pour eux, déstabilisant. Il y est question de sexe, de franchise, de pudeur.
Bien sûr, c’est un polar, il y a un meurtre dès le début du livre. Et une enquête, comme un joli prétexte. On parle beaucoup, on agit peu. On réfléchit intensément. On s’engueule pour mieux se rabibocher. La galerie de personnages que Pouy dépeint est colorée, attachante. Très franchouillarde aussi.
Bien sûr, il y a le style Pouy : fleuri, généreux, imagé, inspiré tout au long des 129 pages. On parle aussi beaucoup de bouffe et de vin blanc bien frais.
Le titre ne m’avait pas attiré à sa sortie en 2007. C’est bien la seule réserve que j’ai sur ce livre (avec la laideur de la couverture).

23 avril 2012

Les romans n'intéressent pas les voleurs

D'Alain Rémond, j'avais lu  Chaque jour est un adieu, court récit sur son enfance. Un texte qui m'avait profondément touché. Dans Les romans n'intéressent pas les voleurs (quel titre!), il est question de deux amis amoureux fous d'un auteur. Celui-ci a écrit 3 romans, puis il a disparu. Ils rêvent de le retrouver. En fait, ils ne vivent que pour ça. Jusqu'au jour, où...
Ce roman est une ode aux lecteurs, aux fous de littérature, aux purs et durs, aux libraires. C'est une charge contre les écrivains qui succombent à la facilité. Une réflexion sur les best-sellers - sur ceux qui les écrivent et les éditent. Un éclairage sur les réviseurs. Mais surtout, ce sont 130 pages racontées avec un ton simple, drôle, vrai, touchant. L'intrigue est bien ficelée et on dévore trop vite ce délicieux Rémond.

16 avril 2012

Un crime


Il semble que ce roman publié en 1935 ait été écrit par Georges Bernanos pour des raisons alimentaires, avant son célèbre Journal d’un curé de campagne. Quand un écrivain crève la dalle, il se rabaisse à écrire un polar. Boris Vian l’avait brillamment réussi avec J’irai cracher sur vos tombes. Beaucoup ont suivi son exemple avec moins de brio.

Dans Un crime, nous sommes bien dans un roman policier. Il y a crime, suspects, enquête. L’originalité de ce livre est son cadre : un village perdu des alpes qui attend son nouveau jeune curé. Celui-ci surgit en pleine nuit, en retard. La bonne l’attend depuis un chapitre.

Le juge chargé de l’enquête se perd en conjectures. Le lecteur aguerri devine rapidement qui est la coupable, mais on court après le mobile. Le style et l’ambiance nous change des polars américains blasés et des tueurs en série nordiques. Comble de surprise : l’enquêteur quitte le livre avant la fin. La narration mérite une lecture attentive. Les ellipses sont nombreuses. On ne souligne pas à gros traits, il faut rester attentif (j’ai dû relire le dernier chapitre pour être sûr d’avoir bien compris). Surtout, j’ai aimé l’écriture et l’ambiance. Ça ferait un film magnifique. Je veux bien l'adapter pour le Québec, tiens.

Au final, Un Crime est roman atypique, un authentique polar du terroir, qui aurait été renié par son auteur. Tant pis pour lui.

Très bonne critique ici.

14 avril 2012

Suite balinaise


Toutes les photos: ©André Marois
On commence à mieux comprendre Bali. Pays superbe, peuple adorable, culture fascinante. Élégance des hommes autant que des femmes. Pauvreté dérangeante pour le visiteur occidental.

Les Balinaises travaillent sans cesse. On les voit dans les champs de riz, mais aussi sur les chantiers de construction, transportant des parpaings et des sacs de sable sur leur tête. Poussant des brouettes de gravier. On se demande parfois où sont les hommes et ce qu'ils font.

Les offrandes quotidiennes sont fabriquées à la main, avec du bambou et des feuilles de bananier. On a pris un cours pour apprendre. C'est très compliqué. Certaines femmes doivent en produire 50 chaque jour, selon le nombre de pièces de leur maison et de leur commerce. Celles qui travaillent peuvent les acheter. Le lendemain, rebelote, on jette les offrandes de la veille et on repart à zéro.

Fleurs en vente au marché d'Ubud pour remplir les petits paniers d'offrandes.

On a aussi pris un cours de cuisine. Mmm.

Les combats de coqs sont officiellement interdits. Les Balinais ont droit à trois sacrifices par an, alors ils en profitent. On voit partout des hommes qui se promènent avec leur coq, le caressant sans cesse. Certaines femmes peuvent devenir jalouses du coq de leur mari, parait-il.

Balade en vélo au milieu des rizières, près du mont Agur. Sublime, forcément sublime.

08 avril 2012

J'ai trouvé le bonheur


Photo ©2012 André Marois
Un sondage Ipsos nous apprend que les Indonésiens figurent en tête du classement des gens qui se déclarent très heureux, avec un joli 51 %. Quand on ajoute le 42 % qui se déclarent juste heureux, on arrive quand même au chiffre non négligeable de 93 % de personnes qui vivent dans le bonheur. Les sourires sur les visages confirment les chiffres.
Ce genre de sondage vaut ce qu'il vaut, mais on comprend pourquoi tant d'occidentaux viennent à Bali pour mordre dans une tranche de joie.

Il est amusant de voir où se situent les autres pays dans cette classification de la félicité nationale. La richesse ne rend pas forcément heureux. Et l'Europe fait la gueule.
Le Mexique est à 43 %, le Canada descend à 27 %, La France chute à 15 %. Quant aux Hongrois, avec leur maigre 6 %, on les plaint sincèrement, mais on ne s'installera pas chez eux.

J'ai tiré ces chiffres de cet article de la Gazette de Bali, qui s'était inspirée du blogue Indonesia matters.
Où que vous soyez, je vous souhaite quand même tout le bonheur possible.

05 avril 2012

Ubud


On nous avait dit : «Allez à Ubud, vous allez adorer». Nous, dociles, nous y sommes allés. Première impression : on n’a pas aimé. Des touristes plein les rues, des boutiques branchées, une circulation incessante : bref, une ville qui respire le Lonely Planet.

Deuxième impression : on a un peu plus aimé. Après s’être fait réveillés par une meute de coqs à 4 h du matin, on a changé de B&B. On loge maintenant face à un champ de riz en herbe, en pleine ville. C’est la paix, pour 25 $, petit dej inclus.

Troisième impression : on a commencé à comprendre. Il faut s’immerger, coco. J’ai beaucoup marché, à mes risques et périls (ici, tout le monde fonce en scooter).

J’ai eu un massage balinais. Non les gars, ce n’est pas ce que vous pensez. Quand la masseuse qui faisait au moins mon poids m’est monté dessus, j’étais sur le ventre.

J’ai pris un cours de yoga entouré de clones ratés de Julia Roberts. La prof ricanait bizarrement. On a entonné la chanson du guru, puis a expulsé les vilains mots : «self-consciousness» «guilty». J’avais envie de crier «Harper !» «Charest !». Il y avait aussi quelques gars possédés. À mon avis, celui qui a eu cinq orgasmes aura du mal à rejoindre la civilisation.

J'ai aussi assisté à un spectacle de Kecak, Fire and trance dance..... Ça décoiffe son québécois.


Quatrième impression : on n’a pas haï. La ville est peuplée à moitié de Balinais et à moitié de femmes occidentales venues faire du yoga, méditer et manger végé. Les mères viennent avec leurs filles. Les copines viennent en duo, en trio, voire en autobus. Tout ce zen, ça fait un peu peur, mais on s’habitue.

Cinquième impression : on aime de plus en plus. En fait, on a trouvé du rosé balinais à 12 $. Un exploit dans ce pays qui taxe le vin à 300 %. Les bouteilles importées coûtent donc 3 fois plus cher qu’à la SAQ. Le vin local n’est pas prêt de gagner des points chez Parker, mais bien frappé, ça passe ou ça donne envie de se mettre à la Bintang.

Finalement, Ubud, c’est bien. Surtout pour les femmes yogiques qui boivent du thé.

Bon, je vous entends au fond de la classe. Vous vous dites : «Même à Bali, ce maudit Français trouve le moyen de chialer». Ben oui.

Sinon, je lis L’exil et le royaume : six nouvelles que je ne connaissais pas, signées Albert Camus. Un régal de circonstance.

04 avril 2012

Tuiles


Tout le village de Pejaten fabrique des tuiles. On en voit partout, alignées sur le sol, en train de sécher.

On tranche d'abord les blocs d'argile avec une sorte de fil à couper le beurre, puis on presse les tuiles une à une, à la main, sous une forme.

Ensuite, on laisse sécher.

Puis, on cuit pendant 12 heures. Chaque four est alimenté avec des noix de cocos.
Le prix d'une tuile s'établit entre 850 et 950 IDR, soit moins de 10 cents.
Lire aussi cet article de La Gazette de Bali.

03 avril 2012

Toilettes avec vue


Vous êtes installé ici. Il n'y a rien devant vous, sauf une vue à couper le souffle.

Au loin, le volcan Agung.

Entre lui et vous, un paysage qui donne envie de rester assis.